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No man's land

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Au bout de mon village, il y a un cimetière militaire. Sur la route qui mène au village voisin. Un cimetière militaire. Sur la route qui mène à la ville. Un cimetière militaire. Cimetières. D'Ouest en Est. Du Nord au Sud. Cimetières. Allemands aux croix noires. Français aux croix blanches. Anglais. Canadiens. Australiens. Américains. De cimetière en cimetière, la carte du front se dessine. Nord. Picardie. Marne. Meuse. J'ai grandi avec ces paysages. Monuments aux morts. Mausolées. La pierre Clouise où nous ramassions enfants des carrés de poudre à fusil. L'observatoire du général Mangin dont il ne reste rien. Le wagon de l'Armistice et ses terribles photos du Front. L’affût de la Grosse Bertha, une fosse bétonnée en pleine foret où il n'y a plus de canon. Le chemin des Dames. Le fort de La Malmaison. La caverne du Dragon. Les ruines de l'abbaye de Vauclair. Les ruines de Craonne. Le plateau de Californie. Les creutes autour du village où s'

Hébuterne

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  La pluie lave le ciel. Cela ne semble plus finir. Elle est arrivée en juin 1915. Juste après le dernier assaut. Elle n'est plus repartie depuis. En coulisses, les labours balayés par la pluie fine qui transperce l'âme. Le ciel est gris presque blanc. Les nuages flottent à l'horizon comme des fumerolles. Ils ne s'attardent pas dans le grand ciel picard, ils n'ont pas le temps, ils ne font que pisser. Alentours, il n'y a que des croix. Blanches. Anglaises, canadiennes, australiennes, françaises. Caressées par le vent et l'ombre des cyprès vieux et larges. Il y a peu d'arbres élancés, quelques peupliers sinistres, des hêtres comme égarés. Peu d'arbres prennent de la hauteur pour parler aux morts, ils restent accroupis pour murmurer avec le vent des berceuses vieilles de deux siècles. Les petites chapelles prennent l'eau, les survivants les ont abandonnées. La mousse envahit les tertres où reposent les morts sans nom. Il y a trop d'ombres